Voyage au [champ] centre de la tête

« Pense à un moment qui t’a fait du bien. »

C’est la deuxième chose qu’on dit à un enfant qui a peur, juste après « Ça fera pas mal », qui est souvent un mensonge.

On n’a pas toujours conscience de l’instant parfait. Souvent, c’est avec du recul qu’on réalise qu’on a vécu un moment de grâce, et on lance un « Eille, on était-tu ben, hein? » Enfin, peut-être pas exactement dans ces mots-là, à moins de s’appeler Denise, mais c’est ça l’idée.

Et si on pouvait réellement revivre un moment de grand bonheur, un de ces instants de flottement sans interférences? C’est le week-end de baseball à Montréal qui m’a fait penser aux vacances intérieures. Je ne parle pas d’approche new age ou autre thérapie régressive où une madame en Estrie encouragerait ses apôtres à visiter leurs vies antérieures en se sacrant la tête dans un ziploc. Non. Ce serait juste parfaitement parfait de pouvoir prendre une petite pause à l’intérieur de sa mémoire, de temps en temps. Y avoir accès pour vrai, aller s’y asseoir pour respirer un peu. Du genre « Si jamais tu me cherches, je vais être sur le quai du chalet de Louis, à l’été 2012. »

Quand j’étais petite, mon père écoutait le baseball à la radio. Je sortais du bain, j’enfilais mon pyjama chinois et j’allais le rejoindre sur la galerie arrière. La lenteur du jeu, les commentaires éparses, les exclamations sporadiques de la foule. Un « Galarraga » qui traîne. Mon père fixait le vide en buvant son thé, et moi j’étirais le temps, j’étirais l’été, en écoutant les criquets.

Parmi les moments à choisir pour aller reposer ma tête, il y aurait celui-là.